Conseils de pros : Le papier Arches Aquarelle pour un rendu pictural

Elizabeth Prouvost est directrice de la photographie pour le cinéma. Dans son travail, elle souhaite supprimer toute notion de réalité, et pour cela le rendu de ses tirages doit en être le reflet. C’est donc tout naturellement qu’elle s’est tournée vers un papier texturé qui s’éloigne des supports classiques : l’Aquarelle Arches 310g. Ce papier, qu’elle utilise quasi-exclusivement pour sa texture et son velouté, transforme ses images en tableaux. Elle nous explique ici pourquoi son choix s’est porté sur ce papier.
 
“La photographie n’est qu’un pinceau pour faire de l’image !”
 
Je ne photographie que des corps nus et des portraits en mouvement. Lorsque je travaillais en argentique, j’avais installé mon propre laboratoire. Je fabriquais mes propres produits, je développais mes négatifs et j’ai toujours été fidèle au papier japonais « Oriental » multigrade. Je ne travaille qu’en noir et blanc, mes images sont très sombres avec de grands dégradés de gris, alors pour moi ce papier était idéal. Quand il n’a plus été commercialisé, je n’ai pas trouvé d’équivalent, ni dans le rendu semi-mat, ni dans les gradations. C’est à ce moment-là que je suis passée au numérique.
 
 
Pour le choix du papier, j’ai fait beaucoup de tests, mais de manière générale, je ne suis pas convaincue par les papiers photos. Je n’aime pas leur rendu, ni même leur contact physique.
En fait la photographie, pour moi, n’est qu’un pinceau pour faire de l’image. Je suis directrice de la photographie pour le cinéma. Et je cherche tout ce qui peut m'éloigner du monde réel.
La lumière est essentielle, et le rendu final doit être spécifique à ce que je veux traduire, donc plutôt du côté matière noire qui fait passer de l’ombre à la lumière d’une façon magique. J’ai besoin de noirs profonds et veloutés, avec toutes les nuances de gris. Je n’aime que très rarement le banc pur et vide.
Des images moins rudes, comme suspendues dans le temps, ce qui se concilie bien avec mes sujets de prédilection.
Dans mon travail, j’aborde de grands thèmes comme “le radeau de la méduse”, “l’Enfer de Dante”, ou encore “Les Chants de Maldoror”…
Je voulais pouvoir mettre autant de corps que je voulais dans chaque tableau, sauf qu’il m’a toujours semblé essentiel de traiter chaque « image » comme une expérience intime où le modèle joue tous les rôles. Il est important pour moi que les différents corps dans un tableau ne soient que la représentation d’un seul corps, comme un rêve ou un cauchemar vécu par la même personne. J’utilise le noir et blanc pour créer du mystère, de la poésie…
 
 
J’utilise presque exclusivement le papier Arches Aquarelle, même si parfois j’utilise le papier japonais très fin surtout avec les encres au charbon (Piezography), les résultats sont remarquables. Mais le papier aquarelle reste mon support de prédilection parce que ce n’est pas un papier photographique. J’aime sa tonalité neutre, légèrement chaude et moelleuse. Sa texture me fait oublier que les tableaux obtenus sont des photographies. De plus, il me paraît très durable et stable dans le temps. Mes premiers tirages réalisés avec ce papier ont dix ans, et même exposés à la lumière, ils n’ont pas bougé !
Cependant, je ne pense pas pouvoir l’utiliser sur des formats plus grands que mon format de base (43 x 61 cm). Dernièrement, j’ai réalisé le tirage grand format d’un portrait de Charlotte Rampling en lambda et je dois dire que j’ai été impressionnée par le rendu. Je suis donc prête à explorer d’autres supports papiers, ce qui va bientôt être le cas puisque je prépare une exposition qui sera présentée dans le sud de la France, et je voudrais y installer de grands formats que je réaliserai sur PictoOnline.
 
 
La première fois que j’ai utilisé la plateforme PictoOnline pour la réalisation de mes tirages, j’ai été bluffée. Si les fichiers sont bien préparés, c’est une formidable solution. Elle est bien évidemment plus abordable financièrement, et je la conseille toujours autour de moi.