Conseils de Pro : Du baryté argentique au baryté numérique

Dans le cadre de l’opération conjointe entre la plateforme de vente de tirages Your Daily Photograph et le laboratoire Picto, nous avons interrogé l’un des photographes participants : Philip Provily. C’est son autoportrait intitulé “Assiette” qui a été sélectionné, en vu d’être proposé à plusieurs milliers de collectionneurs internationaux. Il nous explique le choix de cette image, et nous parle de son papier de prédilection, le baryté : de l’agrandisseur au lambda et au jet d’encre pigmentaire…
 
Philip Provily est né au Pays-Bas en 1968. Après des études aux Beaux-Arts d’Amsterdam, il devient l’assistant de Rineke Dijkstra et Barend van Herpe. Il arrive à Paris en 2000 et poursuit sa carrière de photographe indépendant en France. Son travail est actuellement exposé à la Galerie Joëlle Kem Lika (Sainte Vertu sur Serein - 89) jusqu’à la fin du mois d’août.
 
 
Vous avez répondu à l’appel à participation Your Daily Photograph dans le cadre des 70 ans de Picto et vous avez choisi une image particulière intitulée « Assiette », pourquoi ce choix ?
 
Lorsque j’ai été informé de cet appel à participation, je me suis rendu sur le site Your Daily Photograph, pour me rendre compte du type de photographies qui était proposées à la vente. Après cette prise de température, j’ai fait une sélection de 3 images issues de mes archives, je voulais vraiment proposer des photographies fortes et parlantes, et parmi mes choix, cet autoportrait. Je l’ai réalisé il y a très longtemps, au Pays-Bas. J’aime l’humour qui s’en dégage. Pour recontextualiser, il faut dire que cette sélection a eu lieu en pleine période de confinement, je voulais apporter un peu de légèreté avec un regard décalé. Cette photographie a été réalisée à la chambre photographique 4x5”. Je précise que ce n’est pas un montage. C’est toute une acrobatie, l’assiette était scotchée sur mon front et le déclencheur était positionné à mes pieds. Comme souvent dans mon travail, cette réalisation est très intuitive et spontanée. Au delà du temps de réflexion et de préparation, je me laisse beaucoup de liberté au moment de la prise de vue.
 
Pour ce tirage, vous avez choisi un support baryté. Est-ce votre papier de prédilection ?
 
J’ai longtemps travaillé en argentique, je réalisais moi-même mes tirages à l’agrandisseur ou je faisais appel aux tireurs chez Picto. J’ai donc une grande affection pour le papier baryté. Aujourd’hui, je n’utilise plus que le numérique. Et pour cette image, comme pour tous mes tirages noir et blanc, je choisi le Baryté Ilford en lambda. Pour moi, le noir et blanc doit être tiré sur du véritable papier argentique. Par habitude certainement… Pour la couleur, je suis passé en jet d’encre pigmentaire et sans grande surprise, j’opte pour le baryté avec Platine Fibre Infinity de Canson. Il restitue les contrastes avec beaucoup de subtilité. Il m’arrive de m’éloigner du baryté, car certaines séries s’y prêtent moins. Je pense notamment à un travail que j’ai effectué sur les reflets de la lumière, j’avais vraiment besoin de sortir des papiers classiques photo en brillant ou en mat, je voulais un papier plus pictural, avec un rendu beaucoup plus doux. Mon choix s’est porté sur le Bright White d’Hahnemühle. Je l’aime beaucoup.
 
Comment découvrez-vous ces papiers ?
 
Je n’utilise pas beaucoup d’autres supports que le baryté, mais en fonction des séries, je peux avoir d’autres besoins. Dans ces cas là, je fais des tests en petit format sur différents papiers qui pourraient répondre à mes attentes, et je sélectionne celui qui convient le mieux au sujet. C’est vraiment lui qui sera déterminant. La couleur est plus subtile que le noir et blanc, elle nécessite plus de nuances, que le choix du papier peut sublimer. J’utilise régulièrement la plateforme PictoOnline. Comme je maîtrise bien les outils, je travaille parfaitement mes fichiers et le résultat répond toujours à mes attentes.
 
Un tirage noir et blanc baryté en lambda arrive t-il à la hauteur de vos attentes face à un tirage baryté en argentique traditionnel ?
 
Je trouve que le rendu s’approche beaucoup du tirage traditionnel. On a quelques différences bien entendu. Le baryté classique est sans doute un peu plus contrasté avec des noirs légèrement plus profonds, mais on arrive à avoir un rendu très proche et très satisfaisant !
 
 
Infos pratiques - Exposition
Symphonie & Variations
Photographies et Peintures
Du 16 mai au 31 août 2020
Galerie Joëlle Kem Lika
44, Grande rue
89310 Sainte-Vertu sur Serein