Conseils de pros : Un fidèle à l’argentique

Grégoire Eloy est un photographe français membre du collectif Tendance Floue. Il débute la photographie au côté du photoreporter Stanley Greene entre 2003 et 2005, c’est donc tout naturellement qu’il adopte en grande majorité dans ses travaux, le noir et blanc. Selon ses besoins, Grégoire utilise le service Picto pour ses tirages traditionnels à l'agrandisseur et la plateforme PictoOnline pour ses tirages sur papier baryté.
 
Dans mon travail, je veux rester fidèle à l'émulsion argentique même si j'ai moins recours à l'agrandisseur et au négatif qu'auparavant, photographie numérique oblige... Pour mes choix de papier j’opte exclusivement pour le papier argentique baryté en noir et blanc et pour le C-print en couleur.
 
Pour moi, le choix du papier n’est pas défini par rapport au rôle du tirage. Il faut que le rendu sous forme de tirage soit le même quel que soit le mode de présentation, qu'il exprime un choix affirmé du photographe. Le tirage est le prolongement de la prise de vue. Je trouve dommage que les photographes s'en affranchissent de plus en plus, on le voit dans les travées de Paris Photo ou dans certaines expositions institutionnelles, le tirage n'est plus qu'une impression de fichier (parfois même un fichier mal extrapolé ou pixellisé!!), l'émotion liée au tirage disparaît de plus en plus au profit de l'efficacité ou du spectaculaire. Je le vois bien autour de moi, on ne parle plus que de “HD à transférer”...
 
 
Pour les projets d'édition, le champ est beaucoup ouvert (avec les techniques d'impression et les papiers, etc) car il s'agit d'une reproduction de l'original et non plus de l'original lui-même. Ce prolongement par l'édition, s'affranchir du rendu de l'original, est un exercice tout aussi passionnant et très libérateur.
 
Les papiers et les émulsions tendent à disparaître les uns après les autres. Heureusement les fabricants qui subsistent proposent des émulsions stables, même si le papier argentique est devenu un produit de luxe depuis quelques années. C’est ma propre expérience de tireur, les tests que j'ai fait, la relation privilégiée que j'ai avec certains experts comme Payram et Fred Jourda qui me permettent de savoir quel papier me convient et je n'en bouge pas trop après sauf si le test passe l'épreuve du temps. Et, encore une fois, en argentique le choix de papier est désormais très limité !
 
Le ton chaud ou froid, l'émulsion mat, semi-mat ou brillante, ces paramètres ont un gros impact sur le rendu de l'image finale, à tel point qu'il est difficile de mélanger les papiers de différente facture et que tout changement aura un impact non négligeable sur la suite du travail. Certains papiers très utilisés dans le passé sont une prise directe avec l'histoire de la photographie, d'autres plus modernes et moins utilisés, s'en affranchissent et ont un rendu plus "contemporain".

[Photos © Grégoire Eloy / Tendance Floue]