Conseils de pros : Le tirage, transmetteur d’émotions

Tout récemment primée au prestigieux Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière - Académie des Beaux-Arts, la photographe franco-espagnole FLORE organise des masterclass pour accompagner les auteurs dans la réalisation d’un projet au long cours. Chaque session est accompagnée de la présence de deux personnalités du monde de la photo et se déroule sur une durée de huit mois. Les stagiaires sont accompagnés dans l’ensemble du processus de création jusqu’à la réalisation de leurs tirages sur la plateforme PictoOnline.
 
Dans le cadre des FotoMasterclass, quels papiers avez-vous utilisés pour la réalisation des tirages ?
 
Nous nous efforçons de trouver le papier le plus approprié à chaque série. Picto Online offre un panel assez large mais il nous arrive aussi de choisir des papiers plus confidentiels. Quand le stagiaire souhaite un papier type Baryté, par exemple, il a le choix entre le Baryta Canson qui est peu texturé et le Hahnemühle qui a une texture plus prononcée ; nous choisissons alors plutôt l’un ou l’autre en tenant compte du format final du tirage. 
Pour les papiers mats, le Kozo est très apprécié pour sa texture unique mais aussi le Bright White Hahnemühle quand il y a une recherche de texture plus prononcée. 
Beaucoup utilisent aussi le Baryté argentique en Lambda pour leurs tirages noir et blanc.
 
Nous essayons toujours de trouver le papier dont la personnalité - sa surface, sa texture et son gamut - servira au plus juste ce que le photographe désire exprimer dans sa série. Comme nous les formons pour retravailler leurs images sur Photoshop, le site Picto Online est une bonne solution pour commencer avant de pouvoir travailler avec un tireur professionnel.
 
Comment trouver le bon papier pour une image ?
 
Sauf exception, nous réfléchissons et discutons en amont sur le choix d’un papier : mat ou brillant, lisse ou texturé, ultra blanc, blanc naturel ou ivoire. À la suite de quoi nous lançons des tests sur 2 ou 3 images avec plusieurs papiers. Une fois les résultats en main, nous faisons le choix final.
 
Notre formateur Adrian Claret qui est tireur numérique, connaît très bien les papiers du marché, son rôle est de conseiller au mieux nos stagiaires, en particulier sur la découverte de papiers moins courants.
 
Pouvez-vous nous parler du rendu avec ces papiers sur ces images ? Remarquez-vous des correspondances idéales ?
 
A notre avis, il n’y a pas de règle absolue. Cela dépend vraiment de ce que veut raconter le photographe ; une même image tirée différemment et sur un autre papier peut tout à fait raconter autre chose. C’est plutôt l’intention et les contrastes de l’image qui vont nous guider. Nous sommes vigilants à éviter de suivre la tendance et préférons effectuer nos choix en fonction de l’émotion que va transmettre le tirage au futur spectateur.

 
© Thierry Mazurel (Broken Homeland) / FotoMasterclass 2018
 
Par exemple pour le travail de Thierry Mazurel, sa première série “Broken Homeland” avait été tirée sur le Baryta Hahnemühle pour avoir un rendu proche des tirages argentiques mais pour sa nouvelle série « No Border », nous avons finalement opté pour le Awagami Kozo car il correspondait mieux à des images moins contrastées auxquelles il donnait un résultat mélancolique grâce à sa matité, son blanc naturel pas du tout agressif et sa douce texture.

 
© Thierry Mazurel (no Border) / FotoMasterclass 2018
 
Pour la nouvelle série d’Amélie Chassary, nous avons fait des tests sur le Kozo dont le rendu était très beau mais la photographe s’est finalement décidée pour le Baryta d’Hahnemühle (papier plus proche des tirages argentiques) afin d’affirmer le côté photographique de natures mortes auxquelles le Kozo apportait une note trop picturale.
 
© Amélie Chassary / FotoMasterclass 2018
 
Au contraire, dans le cadre du travail d’Alexandra de Lapierre où le tirage est le support de nombreuses interventions picturales, c’est l’Aquarelle Canson 310g qui a été choisi pour sa texture, son grammage généreux et sa résistance.
 

© Alexandra de Lapierre / FotoMasterclass 2018
 
Pourquoi choisir un papier différent selon les séries réalisées ?
 
Le choix du boitier, son format, la prise de vue, le parti pris concernant les contrastes et, pour la couleur, la saturation, enfin le choix du papier, tout influ sur l’émotion provoquée par l’image finale. 
Les photographes n’ont pas toujours les mêmes intentions en fonction des séries, c’est pourquoi, chaque fois, nous reprenons une réflexion avec eux sur la forme et le fond, et le choix du papier en fait parti.
 
 
Artiste photographe franco-espagnole, née en 1963, FLORE vit et travaille actuellement à Paris. Lauréate 2018 du Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière en partenariat avec l’Académie des beaux-arts, ses séries, qui se réalisent sur le long cours, souvent lors de voyages, sont acquises ou présentés dans différentes institutions prestigieuses comme le Musée du Petit Palais, le MMP+ de Marrakech, le Mémorial de Rivesaltes, la BNF ainsi qu’à l’occasion d’événements internationaux comme Paris Photo, Photo London, Fotofever, Marrakech Art Fair , Daegu Art Fair ou la Snif Art Fair de Osaka. Elle est représentée par la Galerie Sit Down à Paris, la Galerie Blanca Berlin de Madrid, la Galerie 127 de Marrakech, la Galerie Wada Garou à Tokyo et la M.K.W Art Gallery de New York.
 
 
 
INFORMATIONS PRATIQUES
 
Picto est partenaire des FotoMasterclass. Les Maîtres de stage sont la photographe FLORE et la consultante en photographie Sylvie Hugues. Adrian Claret est l’organisateur général et le soutien technique.
 
Debut des prochaines sessions : FotoMasterclass #4 : 16 février 2019 | FotoMasterclass #5 : 20 avril 2019
 
http://www.fotomasterclass.com