Retour aux fondamentaux : le tirage couleur

Si en photographie, la couleur est apparue dès 1861, il aura fallu attendre les années 1960 pour qu’elle se démocratise. Sans jamais détrôner le succès du noir et blanc auprès des photographes, le tirage couleur a cependant su donner une nouvelle dimension à la photographie. Dans cet article, nous vous proposons un petit retour sur les techniques contemporaines de tirage couleur, du tirage chromogène argentique à l’impression jet d’encre, en passant par le lambda.
 
 
De la diapo aux pixels
 
 
L’une des révolutions de la photographie couleur est l’arrivée du film inversible, lorsqu’en 1932, en Europe, on voit arriver l’Agfachrome sur le marché en 1932, suivi de peu par le Kodachrome qui est commercialisé en 1935. Ces films, aussi appelés diapositives, captent la lumière dans leur émulsion directement en positif, la couleur est obtenue par synthèse soustractive.
La qualité du Kodachrome, qui a évolué tout au long de sa vie, a accompagné les meilleurs coloristes en photographie, et ce dans tous les domaines, que ce soit en mode, en publicité ou en reportage. Des photographes tels que Joel Meyerowitz, Guy Bourdin, Steve McCurry ou encore Harry Gruyaert, étaient de fervents utilisateurs du Kodachrome. Ce film nécessitait un traitement complexe, ainsi lors de l’achat d’une pellicule, le développement était inclus et directement réalisé par Kodak. Sa production a définitivement été arrêtée en 2009.
Le film négatif couleur s’est rapidement développé en parallèle, en 1936 en Allemagne et plus tard aux Etats-Unis. Il faudra attendre 1950 pour que Kodak annonce la sortie de la Kodakcolor venue compléter la gamme avec les autres Agfacolor, Ektacolor, ou Fujicolor… La chimie utilisée pour traiter ces pellicules étaient notamment le C41, toujours en fonction à ce jour. Largement utilisés par les amateurs, ces films ont inondé le marché jusqu’à l’arrivée du numérique ce qui a précipité l’arrêt de mort des procédés inversibles de tirage R3 et P3X. Seul le procédé de développement de film E6 persiste, de manière très marginale.
En majorité aujourd’hui, on réalise des scans des films pour réaliser des tirages en argento-numérique RA4 ou en jet d’encre pigmentaire. Excepté pour ceux qui ont préempté le stock de Ciba/Ilfochrome, jusqu’à épuisement.
 
Le tirage couleur de l’agrandisseur à l’imprimante
 
En argentique, pour réaliser les tirages papier, plusieurs procédés sont utilisés en fonction des différents types de films qu’ils soient en inversible ou en négatif. Le procédé R3 était utilisé pour tous les films inversibles hors cibachrome. Pour ce dernier, il nécessitait une chimie P3, devenu procédé P3X avec l’Ilfochrome pour réduire les problèmes de pollution liés aux produits.
Commercialisé au début des années 1960, le cibachrome assurait une bonne conservation dans le temps grâce à la permanence de ses colorants azoïques. Il permettait d’obtenir un gamut plus large, soit une retranscription des couleurs plus étendue qu’en RA4, et ses blancs paraissaient plus éclatants. L’un des principaux points de différenciation résidait dans son support papier haute réflexion ultra brillant, particulièrement efficace. Sa chimie particulièrement polluante signera l’arrêt définitif du ciba en 2016.
Aujourd’hui, il n’y a plus de traitement inversible pour le tirage argentique (en dehors des derniers lots de papier Cibachrome en chimie P3X récupérés par certains avant l’arrêt de la production).
Ensuite, il y a le RA-4 (Type C = chromogène, qui a pris la suite de l’EP2) qui permet un tirage positif d’après positif, depuis un film inversible (traitement E6 pour le film) ou d’un tirage positif depuis un film négatif (traitement C41 pour le film).
Pour le tirage de ses photographies en couleur d’après négatif, le processus employé permet de fixer sur un support papier une image positive d’après un film négatif. C’est ce même traitement hérité de l’argentique qui est appliqué aux tirages lambda. En effet ce procédé permet depuis un fichier numérique, d’exposer puis de développer une image couleur sur du véritable papier photo argentique. À l’aide d’un projecteur laser, le support photosensible est exposé à partir d’une image numérique décomposée en trois couleurs : rouge, vert et bleu, puis développé chimiquement selon le procédé argentique traditionnel RA-4 qui était utilisé à l’agrandisseur optique = C-Type.
Autre époque, autre procédé, celui du 100% numérique avec l’impression jet d’encre pigmentaire. L’imprimante va réaliser à partir d’un fichier numérique votre photographie couleur grâce à un procédé de projection de microgouttelettes d'encres sur le support papier.
 
 
Photo de couverture : Philippe Blin et Fred Jourda, tirage couleur © Marine Ferrante
 
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