Rencontre avec Sylvie Besnard, Commerciale chez Picto

En 70 ans, PICTO a développé une expertise unique dans le domaine du laboratoire photographique. Au fil des décennies et des évolutions technologiques, le laboratoire a su s’adapter pour accompagner au mieux les professionnels. Aujourd’hui, nous rencontrons Sylvie Besnard, commerciale au laboratoire. En 21 ans, elle sera passé de Picto Montparnasse à Picto Bastille, en évoluant de la réception au poste de commerciale. Rencontre.
 
 
Aujourd’hui, vous êtes commerciale pour le laboratoire Picto, pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
 
Avant d’intégrer l’équipe de Picto en 1998, j’étais tireuse en laboratoire. J’ai été formée à l’Ecole Louis Lumière, en apprentissage. J’ai commencé très jeune, j’avais tout juste 18 ans. Je travaillais pour une petite structure : Color Express, un laboratoire professionnel , rue Monge dans le 5ème arrondissement de Paris. J’ai vraiment appris mon métier là-bas.
C’était une entreprise très familiale, j’ai débuté comme apprentie, j’y ai tout appris, du développement , au tirage en noir & blanc et en couleur, en passant par la prise de vue en studio, j’ai même fait un peu de retouche.
Lorsque le dirigeant a décidé de prendre sa retraite et de fermer le labo, ils nous a laissé deux ans pour que l’on puisse trouver un nouveau travail. Pendant ce laps de temps, j’avais négocié pour faire de la vente dans un magasin de matériel les samedis, ça a été mes débuts comme commerciale. c’était une grande première, moi qui était extrêmement timide. Et finalement ça m’a énormément aidé . ça a été une belle expérience...
Ce qui est drôle c’est que plusieurs années avant cela, j’avais envoyé une candidature spontanée chez Picto et j’avais rencontré Paulette Gassmann. Elle m’avait dit qu’au sein d’un tel laboratoire, si j’étais au département noir et blanc, je ne ferais que ça et que ça ne me correspondrait peut-être pas. Moi qui venait d’une petite structure où nous n’avions pas qu’un seul rôle, c’était très polyvalent et peu routinier.
Au moment de trouver un nouveau poste, j’ai décidé d’arrêter le tirage. J’en avais fait le tour. Du coup, lorsque je me suis présentée à nouveau chez Picto, je leur ai dit que j’avais une bonne expérience dans le commercial, ce qui n’était qu’à moitié vrai (rires), et c’est ainsi que j’ai débuté à la réception de Picto Montparnasse dès octobre 1998.
 
J’ai adoré la rencontre avec les photographes, chose que je n’avais absolument pas dans mon ancien emploi, où nous ne faisions que de l’industriel. Je crois que c’est vraiment à ce moment là que j’ai découvert le monde de la photo. Ma vie a réellement été liée à la photographie quand j’ai intégré Picto.
Cartier Bresson, Doisneau, Depardon… tous passaient au comptoir de Montparnasse. J’ai fait de belles rencontres. Et l’ambiance était très agréable, on sentait qu’on nous faisait confiance et c’est essentiel.
C’est sans doute ce qui fait le succès de Picto.
 
 
Pouvez-vous nous raconter comment vous êtes passée de la réception rue Delambre au poste de commercial à Picto Bastille ?
 
En 2005, nous avons dû nous séparer du site de Montparnasse. J’avais les clés et c’est moi qui ai fermé pour la toute dernière fois les portes rue Delambre. J’étais très émue. Une partie de l’équipe est donc venue à Bastille, à cette époque là, il y avait deux postes à pourvoir : l’un en tant qu’assistant commercial et l’autre pour être responsable de réception. J’ai donc postulé et décroché ce second poste. Ce fut une nouvelle étape pour moi, je n’avais jamais eu à manager d’équipe, j’ai exploré de nouvelles expériences et j’y ai rencontré encore plus de photographes.
Un peu plus tard, Philippe Gassmann a eu l’idée de configurer le site de Bastille différemment, il m’a alors proposé le poste que j’occupe actuellement, celui de “responsable de clientèle”.
Je ne me considère pas comme étant une “commerciale” à proprement dit. Pour la simple et bonne raison que je n’ai jamais fait d’école de commerce, ce n’est pas mon profil. Un commercial est censé savoir tout vendre, ce qui n’est pas mon cas. Moi ce qui m’intéresse dans ce travail c’est la rencontre avec l’autre, peut-être même plus que la photographie.
 
 
Picto, complice des photographes, c’est une accroche dans laquelle vous vous retrouvez ?
 
Complètement.
C’est d’ailleurs ce qui m’a plu dans cette entreprise. Au fil du temps, on finit par connaître les photographes, et réciproquement d’ailleurs !
C’est ce contact avec les photographes qui donne du sens à ce que l’on fait. Cette sensation de complicité s’est vraiment accentuée depuis que j’ai commencé à m’occuper du Prix Picto de la Mode en 2012. Mon rôle était d’accueillir tous ces jeunes étudiants ou sortants d’école, je devais les accompagner pendant et après le Prix. C’est un rôle qui me tient à cœur, c’est sans doute dû à mon côté maternel.
Et je suis rapidement devenue proche de certains, surtout des femmes photographes.
C’est notamment le cas avec Charlotte Abramow et Laura Bonnefous…
 
Mon travail est de fidéliser tous ces jeunes photographes et c’est important que cela passe par un rapport étroit avec eux. Je les accompagne dans la réalisation de leurs premiers books ou leurs premières expositions. Et puis cela va même plus loin, je les mets en contact avec des agents. Ca fait longtemps que je suis dans ce métier, mon carnet d’adresse s’agrandit.Ça va peut-être au-delà de mon rôle, mais cela me tient à cœur de les aider et de les accompagner au mieux dans leur début de carrière.
Et puis je me rends compte que toutes ces rencontres m’apportent beaucoup.
 
 
La révolution technologique qu’a subi la photographie ces vingt dernières années n’a pas été sans conséquence sur la profession. Comment avez-vous vu évoluer la profession ?
 
Venant de l’argentique, je ne peux que constater avec nostalgie, que le métier a drastiquement changé. J’aimerai bien que l’on réintègre le développement noir et blanc au labo ! Car encore aujourd’hui, il y a beaucoup de photographes qui font encore de l’argentique, et j’aimerais les retrouver ici… Les photographes sont en attente de cela, mais faute de place ici, c'est difficile.
Mais d’un autre côté, le numérique a apporté une possibilité étendue de procédés et de supports et ça c’est le vrai bon côté des choses. On peut faire tellement plus de choses, c’est réellement passionnant !
Ici à Bastille, nous avons gardé cette niche du tirage traditionnel avec Payram et Fred Jourda et je pense que c’est un vrai plus. Nous devons être capables d’assurer les prestations argentiques comme celles du numérique.
 
L’un ne va pas sans l’autre, et on commence à voir dans les écoles, par exemple aux Gobelins, qu’ils réintègrent l’apprentissage de l’argentique avec du développement. Les étudiants avaient perdu le sens de la lumière, pour la simple et bonne raison qu’ils n’avaient pas appris.
Et ils adorent ça ! D’ailleurs on voit de plus en plus de jeunes photographes revenir à des procédés anciens, un retour au sources de la photographie en quelques sortes. Le temps de l’argentique est plus lent et c’est bien.
 
 
 
Portrait : © Marine Ferrante